Depuis quelques années je suis de plus en plus attiré par les lignes visibles depuis chez moi... Une goulotte en face Nord de Blaitiere m'intriguait depuis un certain temps, nommée péjorativement facette Nord Est dans les topos et ouverte en juin 1965 par C.Mollier et F.Audibert. La description du topo ainsi que la cotation (obsolète) ne sont pas attrayantes non plus mais la ligne semble évidente et logique! Cédric est intéressé par le Lagarde Segogne au Caïman, une voie mythique et mystérieuse, un pas en avant dans l'escalade glaciaire dans les années 20... Qualifiée d'erreur d'itinéraire à ne pas reprendre dans un topo Vallot des années 50, cette voie est désormais reconnue pour son esthétisme mais reste cependant peu parcourue à cause d'un accès délicat et exposé... L'enchaînement des deux goulottes devient une évidence, d'une logique implacable vue depuis ma maison, un couloir assez évident à redescendre sert de liaison entre les deux goulottes. Le créneau météo arrive et Louis est de nouveau de la partie... Après une confortable nuit au refuge du Plan, trois heures de marche nous mènent au pied de la goulotte de Blaitiere au lever du jour... L'escalade est magnifique, intéressante mais jamais très raide. Les 400 mètres de goulottes sont avalés en quatre grandes longueurs et un peu moins de trois heures. Au col nous avons une vue imprenable sur le fameux Lagarde Segogne et la descente s'enchaîne bien, moyennant quelques rappels dans le milieu du couloir... Quelques mètres au dessus du glacier suspendu, nous reprenons l'escalade par une grande diagonale logique bien fournie qui permet d'accéder à la goulotte proprement dite. La pente se raidit et la glace se durcit un peu, six longueurs avec quelques ressauts raides mènent au pied du Caïman. La longue traversée à l'aiguille du Plan est en bonnes conditions et permet une progression assez rapide dans une ambiance magnifique avec enfin du soleil... Une trace salvatrice nous permet d'être efficaces sur Midi Plan et nous rallumons les frontales au col du Plan pour le dernier effort à fournir! Arrivée à vingt heures au sommet, après dix sept heures d'effort pour cette longue ballade... Définitivement une des plus belles courses que j' ai eu la chance de réaliser dans ma vie d'alpiniste, à refaire avec plaisir!
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